C’est en 1949 que j’ai fait mes premières photos avec un Pontiac 6x9 à soufflet qui permettait de faire 8 photos. Je l’avais emprunté à mon frère qui était parti au régiment sans l’emmener. Mes premiers sujets furent les arbres de la Forêt de Sénart en hiver. Puis vers 1950-1951 j’ai découvert ce que l’on appelait alors "Les photographes humanistes". C’est en 1958 que je suis devenu professionnel. Dès 1959, je suis entré comme photographe aux Editions Delmas à Paris. Je n’étais pas conscient que j’y succédais à René Jacques, un des grands photographes de l’époque qui appartenait au fameux Groupe des XV aux côtés de Robert Doisneau et de Willy Ronis. Pendant plus de 10 ans outre les reportages photographiques, j’assumais toute la fabrication des livres ainsi que les démarches commerciales. A la fin des années 1960, le succès des collections m’obligèrent à recruter des photographes dont je devais gérer l’emploi du temps. Devenu directeur de la section "Beaux Livres", je dus me résoudre à faire moins de photos. Cependant le "Rollei" n’était jamais loin et à chaque fois que je pouvais, je partais en reportage.

En 1995, la retraite venue, je retrouvais une disponibilité et ma chère photo de rue. Oui la Rue est un théâtre où chacun voit et est vu, où la banalité la plus ordinaire occupe tout l’espace sans être perçue.

Mon obsession est de saisir cet instantané fictif, intemporel et ô combien furtif que je revendique comme ma part de créativité.

Robert Doisneau disait que : « cet instantané est en quelque sorte un défi à la mort et au temps qui passe. » Je le crois aussi.

Une photographie qui met l’Homme au cœur de sa recherche ne pourra jamais se démoder

Claude Breteau

Site : http://claude-breteau.fr