Marcel Horcloix (1914 - 2011)
Marcel Horclois nous a quitté à l'automne dernier, avec lui s'en va le souvenir le plus lointain de la peinture à Maisse. Il remonte aux années cinquante et aux salons des Beaux-arts de la Foire Sainte-Catherine. A cette époque Art et Matière n'était pas né et le président du salon s'appelait Roger-Schardner, un ami proche de Marcel Horclois.
Quand Roger-Schardner fut l'invité d'honneur du salon Art et Matière en 1980, Marcel Horclois revint exposer à Maisse et de ce jour y est resté fidèle jusqu'à sa disparition. Ainsi Marcel et sa compagne Gina Chenouard comptèrent parmi les silhouettes les plus connues de ce salon.
Gina Chenouard, disparue elle aussi il y a quelques années était une poétesse de talent et nombre de ses recueils furent illustrés par Marcel. Le jardin en fleurs de Gina, les évocations de paysages, de fêtes, d'êtres aimés étaient ainsi façonnés par Gina et Marcel qui, plus qu'un couple, surent rester des amis fascinés par les mystères de la créativité de l'un et de l'autre.
Marcel Horclois, huiliste et aquarelliste était un partisan farouche de l'art figuratif il aimait et pratiquait avec talent le beau dessin et ne s'est jamais départi de la peinture sur le motif, même dans la neige, même avec l'eau de l'aquarelle qui commence à geler dans le pot ! pourtant il cultivait un goût éclectique et s'honorait d'habiter un immeuble, aux allures d'hôtel particulier, qui avait abrité Bram Van Velde.
En parisien averti, Marcel Horclois pratiquait les lieux rares, ainsi il a exposé de nombreuses fois ses œuvres au café Procope, le plus vieux café littéraire de Paris. Entouré de ses amis, il y accrochait méticuleusement ses aquarelles montrant la Normandie, la Bretagne, l'Auvergne et bien d'autres régions qu'il allait explorer … en skooter! Mais au vernissage du Procope, les visiteurs avaient le privilège de boire un verre servi sur le bureau de Jean Jacques Rousseau.
Les souvenirs sont nombreux et appelleraient quelques pages, il faut pourtant refermer l'évocation de Marcel. Certainement en observant cette photo récente où on le voit attablé à une terrasse buvant "sa" bière. Elle dit tout, l'homme jovial et généreux aux expressions pittoresques. Il aimait la truculence comme on aime la bonne chère. Mais derrière, à voix basse, on imagine Gina qui tempère des accents surtout destinés à cacher la tendresse.
Thierry Citron